En ce début du XXIème siècle, la légèreté n'est plus insoutenable, mais devient une condition pour vivre après l'indicible.
Pour Catherine Meurisse, cet indicible est le massacre de Charlie Hebdo, la perte d'amis, le poids du chagrin, celui de la surveillance policière et des réactions des gens, pas toujours très heureuses.
Plongée dans l'abîme, discussion avec les disparus qui semblent toujours là, les dessinateurs mais aussi Mustapha, le correcteur, grand amateur de Baudelaire, qui avait souhaité à Catherine, de "s'envoler loin des miasmes morbides, se purifier dans l'air supérieur et de boire, comme une pure et divine liqueur, le feu clair qui remplit les espaces limpides."
Ces mots, disparus pendant un temps, reviennent peu à peu, comme les couleurs, comme en témoigne la présentation de l'album, qui passe des nuances de gris à des scènes qui se colorent peu à peu. Et Catherine rejoint l'océan, puis l'Italie pour redécouvrir la beauté, celle qui permet de surmonter l'horreur.
"Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité". Cette citation de Nietzsche, placée avant les premiers dessins, prend peu à peu tout son sens. Un retour à la légèreté, simplement pour continuer à avancer.