La petite fille sur la photographie s'appelait Aline. Arrêtée avec sa mère en 1942, elle en a été séparée et est restée seule, ou plutôt avec des milliers d'autres enfants, plusieurs semaines avant d'être déportée à son tour. Elle avait tout juste trois ans quand elle a été gazée à Auschwitz.
Une triste histoire, malheureusement semblable à tant d'autres...
Cette petite fille est devenue le symbôle de tous les enfants internés temporairement à Pithiviers, Beaune-la Rolande, Drancy... des camps gérés par les autorités françaises, avant de disparaître, broyés dans un système dédié à leur extermination.
Sa photographie est devant un fragment de baraquement, à l'image de celui où elle a vécu quelques semaines.
L'ensemble se trouve au Mémorial des enfants du Vel d'Hiv à Orléans, à l'initiative du CERCIL (centre d'études et de recherches sur les camps d'internement du Loiret). Un lieu qui retrace l'histoire de trois camps : Jargeau, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, depuis l'enfermement des hommes juifs étrangers en 1941 pendant un peu plus d'un an, avant les rafles et l'usage de ces lieux comme centres de rassemblement pour les trains de la mort.
Ce lieu présente l'histoire de familles, souvent totalement anéanties, ou dont un membre a miraculeusement survécu, perpétuant longtemps le souvenir ou contribuant à l'enrichir par des mots, des photographies ou des objets parfois.
La visite s'achève dans une pièce où sont affichés tous les noms des enfants passés dans ces camps, avec parfois des photos, parfois simplement un nom et un prénom, et au centre un écran où défilent de trop courtes biographies.
Le silence s'installe et le visiteur sort songeur, pensant à tant de vies gâchées, mais aussi aux responsabilités de chacun, des autorités comme des particuliers, hier comme aujourd'hui alors que des massacres se poursuivent, à l'exemple de celui des Yézidis.