La couleur est au cœur de l'œuvre de Sonia Delaunay et de son mari Robert, la lumière, la couleur et surtout la façon dont les couleurs agissent l'une avec l'autre ou plutôt l'une sur l'autre, le mouvement simultané de ces couleurs, l'effet de l'éclairage électrique sur ces associations aussi.
Née en Ukraine, élevée en Russie, étudiante à Berlin puis à Paris où elle s'installe en 1907, Sonia est une Européenne avant l'heure. Toute sa vie, elle s'est effacée pour célébrer le génie de Robert, mais c'est une créatrice à part entière, qui dépasse le cadre de la seule peinture.
Car Sonia créé pour tous les objets du quotidien, au début pour son fils (couverture en patchwork, coffre à jouet), puis, la rente russe que lui avait légué son oncle ayant disparue en raison de la révolution russe, par nécessité et par défi, elle se lance dans la mode et la décoration intérieure, en Espagne dont les couleurs la ravissent, puis à Paris.
Sonia, c'est une énergie extraordinaire, un besoin impétueux de créer, d'utiliser de nouveaux matériaux. C'est aussi une ode à la modernité, et plus largement au mouvement dont la danse qui la fascine et qui inspire quelques tableaux et séries, dont le bal Bullier et les flamencos.
Si les Delaunay défendent l'abstraction (Sonia se battra pour faire reconnaître Robert comme le père de ce mouvement, et non son ami Kandinsky), elle plonge parfois avec délice dans le figuratif ou du moins une sorte de semi-abstraction.
Elle aime s'entourer d'artistes, de poètes notamment, dont Blaise Cendrars avec qui elle réalise le projet coloré de la prose du transsibérien.
Que la couleur soit! Et Sonia Delaunay fut!