Le père Lachaise est sans doute le cimetière le plus connu de Paris, en raison de son histoire et des personnalités qu'il accueille et qui continuent à attirer des milliers d'admirateurs venus leur rendre hommage.
Plus de trois millions de visiteurs s'y rendent chaque année (hors COVID), qui font paradoxalement du site un lieu de vie. Son architecture traduit également un riche passé et si ce cimetière reste avant tout un lieu de recueillement, il est aussi fascinant à bien des égards.
Le père Lachaise, entre histoire et recueillement
Il y a 150 ans, les combats faisaient rage dans son enceinte. Les derniers fédérés faits prisonniers y sont fusillés le 28 mai 1871. Et les cimetières de Paris ne désemplissent pas dans les jours qui suivent, la terrible répression qui s'abat mêlant dans les fosses communes hommes, femmes et enfants. Beaucoup de ceux qui échappent à la mort sont envoyés en Nouvelle-Calédonie, à l'exemple de Louise Michel.
L'histoire du père Lachaise avait commencé de façon plus sereine.
Au XVIIème siècle notamment, il est la propriété des Jésuites. Louis XIV enfant y trouve refuge lors de la Fronde et son confesseur, François d'Aix de La Chaise, donnera bien plus tard son nom au lieu
En 1804, le lieu devient cimetière. Le cimetière des Innocents au cœur de Paris est déclaré insalubre, même après de multiples transferts aux catacombes. Les morts doivent désormais être enterrés hors les murs, d'où la création de quatre cimetières, dont celui de l'Est qui deviendra le père Lachaise. La première résidante est une fillette de cinq ans, Adelaïde Paillard de Villeneuve. Mais on est alors loin de Paris et le lieu peine à remplir son office.
Le préfet a alors l'idée de faire venir quelques personnages célèbres pour qu'ils reposent sur place. C'est le cas d'Héloïse et Abélard, les amants maudits, mais aussi de Molière et de la Fontaine.
L'opération est un succès, jamais démenti depuis, et sous les 3500 arbres, c'est un peu la cohue.
Anonymes et personnages célèbres s'y côtoient : musiciens (de Chopin à Jim Morrison), écrivains (Balzac, Musset, Colette, Oscar Wilde et tant d'autres), photographes (Nadar), historiens (Michelet), artistes de scène (Sarah Bernhardt, Cléo de Mérode), industriels, présidents, gourous ...
De nombreuses histoires et autant de raisons d'attirer des visiteurs très différents.
A moins que ces visiteurs ne viennent que pour une statuaire remarquable, où les époques se confondent, depuis les œuvres de Sicard, de Préault, de Bugatti, ou certains détails de tombe signés Hector Guimard.
Je finirai par cette sculpture de Wansart pour Fernand Arbelot, celle d'un homme qui tient le visage de sa compagne entre ses mains, la tombe étant également ornée de l'épitaphe suivante : "Ils furent émerveillés du beau voyage qui les mena jusqu'au bout de la vie".