Cette image de lavandières semble lointaine aujourd'hui.
Elle fige un dur labeur, souvent à genoux près d'un point d'eau, les femmes utilisant ici de petites caisses de bois emplies de paille pour soulager leurs genoux meurtris.
Le lavoir est un lieu particulier, où le travail réalisé, la qualité du linge, les évènements dont il porte la trace (naissance...) font l'objet de mille commentaires. Tout se sait en ce lieu et les réputations s'y font et s'y défont.
Parfois, le lavoir est situé sous la mairie, comme un autre reflet de la vie publique de la commune. Comme la mairie il a profité de l'évolution politique et de la création des communes pour se développer un peu partout.
Il est aussi le résultat d'une nouvelle conception du monde et des maladies, qui ne sont plus vécues comme un fléau de Dieu qu'on ne peut que subir, mais plutôt comme des évenements qu'il est possible de prévenir avec une meilleure hygiène et un certaine spécialisation des usages de l'eau.
Les lessives pré-éxistaient aux lavoirs, mais parfois c'est le même point d'eau qui servait à l'alimentation comme aux lessives.
Une évolution se dessine dès le XVIIIème siècle, qui s'affirme réellement au XIXème siècle.
Le lavoir devient un élément de la vie du village, avec ses codes et ses rituels, ses rythmes aussi avec par exemple la grande lessive du printemps. Ce moment est aussi appelé la grande buée. Le linge est chauffé dans de grands chaudrons avec de la cendre et des herbes ou essences de fleurs pour le parfumer.
Puis il est rincé et savonné, battu aussi pour faire entrer le savon dans les fibres et lui donner toute sa blancheur.
Tout un monde, que l'électroménager a relégué dans l'histoire, et dont le témoignage s'exprime encore aujourd'hui dans de multiples lavoirs qui sont restés dans certains villages, dont je vous propose quelques exemples.
Sur cette photographie, le lavoir est derrière la fontaine, un alignement assez typique des villages provençaux, ici à Mollans sur Ouvèze.
Qu'il donne sur un ruisseau ou sur un bassin artificiel, le lavoir comporte presque toujours une toiture pour abriter les lavandières. Son architecture et surtout son ornementation sont très variables selon les régions et entre communes d'une même région.
Ce sont des lieux de mémoire, dont beaucoup ne manquent pas de charme, sans faire regretter toutefois la mère Denis... De quoi apprécier cet objet si banal aujourd'hui qu'est la machine à laver le linge...