Comme dans une tragédie antique, les voix s'élèvent peu à peu. Elles racontent le début d'une journée ordinaire, l'impatience de se retrouver le soir pour un anniversaire, simplement se voir, boire un verre, profiter de cet automne si doux, se disputer, rentrer dormir après une nuit de garde.
Mais déjà le Hasard se profile, celui qui dit "Toi, oui... Toi, pas...", qui décide de qui vivra et qui mourra, le Hasard ou l'horreur imminente, une personnification de la tragédie à venir, de ces heures que plus de huit ans après, personne n'a vraiment oublié.
Laurent Gaudé nous plonge avec ce roman hypnotique dans les différentes phases de la soirée, des terrasses des cafés au Bataclan, de la surprise à la terreur, de la joie de vivre au sang qui inonde les lieux, de l'effroi et de la douleur à une forme de transcendance..
Chacun prend la parole, les victimes, les passants, les policiers, les infirmiers et les médecins, les parents, les amis, ceux qui nettoient ensuite les lieux, côtoyant les fantômes ... Tout le monde sauf les tueurs car ce petit livre, même s'il nous ramène à l'horreur, est une ode à la vie, à la liberté, à l'amour...
"Nous avons appris qu'on pouvait mourir de marcher dans la rue, de s'attarder autour d'un verre avec des amis. Et pourtant, il faut continuer. Vivre. Comme on s'aime. Au nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés."
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