Depuis 1967, Aung San Suu Kyi a vécu en Inde, où sa mère fut Ambassadrice, puis en Angleterre. Rien ne semblait la préparer à ce retour en Birmanie, et aux longues années de détention ou d'assignation à résidence qui suivront (15 ans).
Mais la Dame croit en son pays et en ses convictions. Elle voyage dans toute la Birmanie. En 1990, la ligue nationale pour la démocratie gagne les élections législatives, les partis d'opposition remportant plus de 95% des voix. Mais la junte militaire n'est pas décidée à se retirer, tout en affirmant que la démocratie pourra être instaurée quand le pays y sera prêt.
Les arrestations se succèdent, beaucoup meurent dans des conditions de détention dramatique.
Aung San Suu Kyi obtient le prix Nobel de la paix en 1991, mais il ne lui sera remis qu'en 2012 car elle ne peut sortir du pays. Elle parle régulièrement à ceux qui viennent l'écouter, quand la rue de l'université qui mène à la maison familiale est ouverte. Elle parle aussi bien santé que nourriture, littérature ou politique, incitant chacun à réfléchir avant d'agir et à éviter les idées extrémistes.
Elle souffre elle-même de nombreuses privations et de l'absence de soins, soulignant toutefois qu'elle bénéficie du luxe inoui d'être chez elle alors que beaucoup de ses compagnons sont détenus à la prison d'Insein, tristement connue.élèbre pour ses conditions de détention.
Chaque année, son assignation à résidence est reconduite. En 2007, alors que de nouvelles émeutes éclatent dans le pays, elle salue une délégation de moines protestataires et poursuit son combat, dénonçant le régime et ses abus.
En 2010, elle est libérée, mais ne peut s'éloigner de Rangoon.
Mais le régime en place semble accepter peu à peu le dialogue, peut-être parce que la Dame a appelé depuis des années à des sanctions économiques de la communauté internationale vis-à-vis d'un régime qui bafoue les droits de l'homme les plus élementaires.
De nouvelles élections législatives ont lieu en 2012. La Dame devient députée. Les investisseurs étrangers reviennent peu à peu.
Elle ne peut toutefois se présenter à la présidence de la République en 2015, car elle est mariée à un étranger.
Un long chemin vers la démocratie
Aung San Suu Kyi siège depuis 2012 au Parlement birman. Aujourd'hui, son parti y entre en force. Cette élection a été une immense vague d'espoir, mais le chemin à parcourir est tout aussi grand.
Respect des droits de l'homme, réconciliation nationale. Dans un pays où des années de dictature ont semé défiance et délation, où l'unité nationale a été maintenue de force, avec de nombreuses exactions envers les nombreuses minorités, l'accès à ces deux principes promet d'être un long chemin semé d'embûches.