Aujourd'hui aurait du être une journée d'élections municipales en France. La pandémie de coronavirus a transformé la donne et reporté de nombreux débats, dont celui de la parité dans la désignation des maires.
Pourtant, cette parité existe et fonctionne plutôt bien dans des lieux où on ne l'attendrait pas. Raqqah en Syrie en est un exemple.
Raqqah. Cette ville était encore il y a quelques années la "capitale" de l'Etat islamique. Elle a connu ce que l'on peine sans doute à imaginer pendant plus de trois ans, puis de violents combats qui l'ont détruite en grande partie.
C'est dans ce contexte qu'un conseil civil a été mis en place pour gérer la ville, et surtout reconstruire et réconcilier des communautés qui, dans un passé un peu plus lointain, parvenaient à cohabiter pacifiquement.
Ce conseil est dirigé par deux personnes : une Kurde, Leila Mustapha, et un Arabe, Mouchloub Al-Darwich.
Une femme, ingénieur de formation, à la tête d'une ville où les femmes n'étaient plus que des ombres, où tout est à reconstruire, c'est un symbole très fort.
Originaire de Raqqah, partie quand les Kurdes n'étaient plus tolérés dans la ville, elle s'est peu à peu engagée pour aider les civils fuyant la ville, pour le faire de façon structurée.
Cette femme déborde d'énergie et pourtant rien n'est simple. Les blessures des dernières années restent béantes dans les cœurs et les corps, les moyens sont limités et il reste une incertitude majeure pour la sécurité de la zone entre le président syrien, ceux de la Turquie et de la Russie.
Raqqah reste un champ de mines. Certaines explosent encore, mais les hommes comme les immeubles se reconstruisent peu à peu et il y a cette petite flamme, incarnée par cette femme. Espérons qu'elle puisse grandir encore.