La peinture de Dali est un jeu permanent avec son public.
Jeu d'illusions d'abord car les images se limitent rarement à ce que le regard voit dans un premier coup d'oeil.
Le marché aux esclaves constitue un exemple de cette image cachée, avec l'apparition du buste de Voltaire (vers le centre), ce qui modifie aussi totalement le sens de l'oeuvre. Ce clin d'oeil à un philosophe des Lumières n'est-il pas déjà une condamnation de l'esclavagisme et donc une remise en cause du sujet du tableau?
Ces personnages qui se devinent dans d'autres ou dans un décor sont nombreux dans l'oeuvre de Dali.
A l'image de ce vieux couple de musiciens
L'apparition peut aussi avoir un sens prémonitoire, à l'exemple de ce soldat perdu dans le spectacle de deux filles qui lui annonce peut-être une joie éphémère mais surtout un destin funeste...
Ce jeu d'illusions interpelle la psychanalyse , ne serait-ce que dans les titres choisis , à l'exemple du grand paranoïaque (avec le visage de Lacan) ou tout simplement du visage paranoïaque qui se dessine derrière des personnages assis et une hutte.
Ce jeu d'illusions se prête aussi au monde animal, notamment lorsque les cygnes se reflètent dans l'eau sous la forme d'éléphants, passant d'une image gracieuse à une vison ... plus lourde...
Dali brouille les pistes, se joue de nos repères, parfois seulement avec un détail qui remet en cause tout ce que nous avions cru comprendre du tableau. Il se joue des mythes de l'humanité, à l'exemple de Narcisse et de ses métamorphoses.
Il nous entraîne à la poursuite de chefs d'oeuvres de la peinture, réinterprétant les Ménimes de Velasquez ou l'Angélus de Millet, où les paysans se recueilleraient devant la dépouille de leur enfant mort.
A l'image d'un de ses tableaux, Dali est une énigme sans fin, à savourer d'urgence avant la fin de la très belle exposition qui lui est consacré au musée Pompidou.
Un grand illusionniste!