Rarement le nom de la catégorie (objets et textiles d'hier et d'aujourd'hui) n'a été aussi bien adapté que pour la dentelle du Puy en Velay. En effet, si l'art de la dentelle a été abandonné au cours des siècles par de nombreuses villes, Le Puy fait de la résistance.
Mais revenons aux origines et aux caractéristiques de cette dentelle, avant de raconter ses péripéties passées et actuelles.
Tout commence au XVème siècle, du moins selon la légende. Une jeune fille souhaitant orner la Vierge du Puy en Velay du vêtement le plus fin, aurait créé cette forme de dentelle aux fuseaux.
Car ici, il n'est nullement question d'aiguille, mais bien de fuseaux.
La dentellière installe sur un carreau (support de travail qui prend souvent la forme d'un petit coussin) un carton, qui n'est autre que le motif choisi. De nombreuses épingles maintiennent au centret le carton et les boucles de fil tissés à partir de fuseaux, petits supports en bois taillées qui permettent de tendre et d'entremêler de nombreux fils. Ces derniers peuvent être en lin, en soie, crin, or, etc selon le rendu souhaité. Un motif "ordinaire" nécessite une cinquantaine d'épingles et une quarantaine de fuseaux.
On ne s'improvise pas dentellière... Mais cet art a longtemps fait vivre de nombreuses femmes dans les campagnes. Un prêtre jésuite aurait d'ailleurs en 1640 fait reporter un édit interdisant la fabrication de dentelles pour préserver ces emplois.
La dentelle du Puy est également associée à l'image de la béate, mi-laïque mi religieuse, présente dans chaque village. Cette femme seconde le prêtre, assiste les mourants, soigne les malades mais aussi apprend le catéchisme aux enfants et l'art de la dentelle aux femmes.
C'est ainsi que les villages font "couvige" le soir, autrement dit se réunissent, dans des lieux différents selon les saisons. Les hommes taillent des fuseaux, sculptent des plioirs (qui servent à ranger la dentelle pour éviter qu'elle se froisse) pendant que les femmes et les filles pratiquent l'art de la dentelle, profitant des conseils et encouragements des plus expérimentées, notamment de la béate.
Guipure du Puy - Source Wikicommons
Blanche ou multicolore, la dentelle du Puy en Velay a traversé les siècles, avec plus ou moins de bonheur selon les modes. Le XXème siècle semble avoir raison de cette économie...
Mais une école se créée en 1974, développe des partenariats avec quelques créateurs, des échanges avec d'autres dentellières, s'efforce depuis de sauvergarder cette tradition et d'en développer la pratique.
Pour clore cette présentation, un très petit aperçu des réalisations de Marie Dreaux, dentellière contemporaine et également céramiste.
