Il ne subsiste plus que quelques exemples de ponts habités ou ponts bâtis en Europe, dont le célèbre Ponte Vecchio de Florence, ou en France le pont de Rohan à Landerneau ou le pont des marchands à Narbonne.
Ces ponts étaient pourtant très répandus dans toutes les villes d'Europe au Moyen-Age. Car ce sont des lieux très fréquentés, par définition proches de l'eau, et qu'ils étaient exempts de toutes taxes, notamment le cens, le péage et l'octroi.
Y vivent donc deux catégories d'habitants : les pauvres et les marchands.
A Paris, chaque pont accueille des spécialités différentes. Sur le pont Notre-Dame sont vendus des produits de luxe, des épices sur le Petit pont, les fourbisseurs d'épée sont installés sur le Pont Saint Michel..
Mais vivre sur un pont fait courir bien des risques : il y a les crues, qui emportent par exemple le pont Saint Michel en 1407, 1457 et 1616, les risques d'effondrement, comme le pont aux meuniers en 1596, les incendies.
En 1718, une femme recherche son fils noyé et, selon une croyance populaire, jette sur le fleuve une planchette surmontée d'une bougie, supposée s'éteindre à l'endroit où l'enfant avait disparu. Mais la planchette a heurté sous le Petit pont un bateau de foin. L'incendie qui en résultat a duré plus de trois jours, détruisant toutes les maisons en bois du pont. Le Petit pont est reconstruit l'année suivante, pour la onzième fois, mais avec l'interdiction d'y construire des habitations.
En 1785, c'est une loi qui généralise cette interdiction à l'ensemble des ponts de Paris. Mais cela signifie souvent pour ceux qui y vivent la perte de tout ce qu'ils possèdent, d'où certaines réticences.
En 1786, les maisons du pont Notre Dame, qui appartenaient à la ville, sont les premières détruites. Celles du pont Marie suivent rapidement le même sort. Ce sera beaucoup plus long pour les autres ponts.
Et pourtant, les ponts habités ne semblent pas avoir dit leur dernier mot, comme en témoigne ce projet d'aménagement du Grand Paris signé Marc Minram,.