Le blog de writings2

Une fois de plus, Pierre Lemaitre nous offre une histoire magistrale dans une période trouble de l'histoire de France, un de ces moments où tout semble possible, où les repères habituels se brouillent.

Le roman commence en avril 1940. il y a déjà 8 mois que la guerre est déclarée, mais rien ne se passe. Enfin, pas tout à fait car si les Français attendent l'attaque allemande, la vie se poursuit, avec ses drames et ses révélations.

La quatrième de couverture fait allusion à une jeune femme qui court nue dans les rues de Paris. Louise, quand elle était enfant, fabriquait des masques et jouait avec Edouard Péricourt, la "gueule cassée", un des personnages principaux de Au revoir là haut. Elle a désormais une trentaine d'années et un homme vient de la payer pour qu'elle se déshabille devant lui, avant de se tirer une balle dans la tête. On imagine sans peine la panique de la jeune femme.

Mais elle veut comprendre et bientôt lui est révélée l'histoire de sa mère, et d'un demi frère dont elle n'a jamais entendu parler. Pour le retrouver, elle se lance sur les routes, en même temps que des millions de Français. Les Allemands ont attaqué et l'exode a commencé.

De Paris ou de la ligne Maginot, tous les chemins mènent à Villeneuve... du moins pour les protagonistes que nous présente peu à peu l'auteur : Jules, Gabriel, Raoul, Louise, Alice, Fernand et Désiré... Des personnages hauts en couleurs, créant ou simplement vivant des situations parfois cocasses, parfois dramatiques, souvent absurdes, l'absence de tout repère et parfois du plus élémentaire bon sens caractérisant cette période.

Un roman mordant, mené avec brio.

Le masque est commun à de nombreuses sociétés, avec une signification qui peut être totalement différente d'un lieu à l'autre. En Europe subsiste à notre époque le masque de carnaval, celui derrière lequel on se dissimule, ou au contraire on se fait remarquer, et qui permet de s'affranchir des interdits le temps de cette fête où l'ordre social s'inverse.

Il nous reste aussi le masque du clown, lointain avatar sans doute du théâtre grec, où le masque traduisait le comique, ou le tragique.

Mais le masque peut aussi traduire un statut ou un rôle social, permettre d'assurer un équilibre dans la société des hommes et en lien avec leur environnement, avec la nature comme avec les esprits, entre les vivants et les morts.

En Afrique, le masque joue ce rôle de médiation.

Parler de masques africains est sans doute très réducteur, car chaque pays voire chaque ethnie, dispose de codes qui lui sont propres, de modalités de représentation différentes, qui s'expriment notamment dans l'usage de formes géométriques, de références aux animaux, de traits plus ou moins ressemblants ou exagérés.

Tous les masques présentés ici, qui sont conservés au musée du quai Branly, ne font l'objet de que quelques explications, sans doute trop sommaires eu égard à cette diversités des peuples et des coutumes. Ils ont cependant en commun une présence incroyable.

Le premier masque, le masque de singe, est originaire du Mali et est utilisé pour représenter un des esprits de la brousse lors de funérailles. Le second, qui vient de Côte d'Ivoire, représente une créature hybride, entre antilope, panthère et crocodile. Il aurait été porté par des sorciers lors de cérémonies strictement masculines.

Le premier de ces trois nouveaux masques est originaire du Congo. Ses stries représentent soit les rayures de l'antilope, soit les galeries empruntées, dans les mythes des Songye, par les esprits venus fonder la confrérie, soit le parcours labyrinthique des initiés de cette société. La disparition des traditions rendent aujourd'hui difficile l'appréhension des motifs de certains masques et de leur usage.

Le masque Kwele qui le suit vient de la limite entre le Gabon et le Congo et incarne les esprits bienfaisants de la forêt, qui aident les jeunes à passer à l'âge adulte et les morts à passer vers l'au-delà.

Le dernier, toujours issu du Congo, servait aux séances de divination.

Les masques africains ont parfois été collectionnés par les artistes occidentaux de la première moitié du XXème siècle, sans doute pour leur aspect figuratif. Tel est le cas par exemple de ce masque Krou, que possédait Picasso, qui témoigne qu'un œil n'est pas nécessairement représenté par un creux, mais qu'il peut l'être au contraire par un rondin de bois qui sort du masque et occupe un espace plein. De quoi bouleverser la conception des formes...

Pour mieux en apprécier la diversité, en voici quelques autres exemples, simplement pour l'esthétique.

Alors que le Royaume Uni devrait prochainement quitter l'Union européenne,  je vous propose cette oeuvre, dont le sujet est un peu plus large puisqu'il regroupe l'ensemble des Iles britanniques.

Elle figurait dans l'exposition consacrée l'an dernier à Marseille aux îles, en tentant de percer les particularités insulaires.

Chris Kenny est célèbre pour ses collages et propose ici une jolie leçon de géographie, très colorée.

Le nom de l'oeuvre ne manque toutefois pas d'interpeller : carte fétiche des îles britanniques... Faut-il traduire "fetish" par obsessionnelle et en déduire un certain regard du reste de l'Europe sur ces îles, sur leur histoire au regard de celle du continent?

Le sens de ce terme peut se deviner en regardant attentivement  le tableau. Je vous suggère de changer d'angle pour mieux le comprendre : intéressez vous au volume de l'oeuvre ou si vous préférez à sa conception ou sa nature. Piquant, n'est-ce pas?

Une photographie surprenante pour commencer cette année, qui n'est pas un tunnel à proprement parler mais un glacier, plus précisément celui de Langgletscher dans les Alpes suisses.

Cette photographie est signée Lionel Favre.

Une exposition se tient actuellement au Grand Palais à Paris, sur l'oeuvre de Toulouse-Lautrec. 

Je vous propose d'y faire une petite incursion, en nous arrêtant sur un seul aspect de la production de l'artiste : ses affiches.

La première, qui illustre ces quelques lignes, fait partie des plus connues et présente Aristide Bruand, célèbre chansonnier de la fin du XIXème siècle, au verbe franc et au langage coloré... Au style inimitable aussi, avec cette écharpe rouge si caractéristique.

L'affiche préfigure ce qui sera le style Toulouse-Lautrec, à partir d'une lithographie qui présente des personnages aux traits simplifiés avec de larges aplats de couleurs contrastées.

Toulouse-Lautrec illustre la vie parisienne, ou plus précisément celle de Montmartre et des cabarets, célèbre quelques danseuses dont Jane Avril et la Goulue.

Ses affiches mettent aussi en lumière des spectacles, des revues également...

La dernière affiche met en valeur la technique du crachis, ou projection d'encre sur la pierre de la lithographie.

La composition est toujours simple, et les couleurs contrastées.

Les thématiques s'élargissent parfois, jusqu'à valoriser une course de bicyclettes...