Le silence et la colère est le dernier opus de Pierre Lemaître. On y retrouve les personnages du Grand Monde (la famille Pelletier), auxquels s'ajoutent quelques portraits bien sentis, dont l'ingénieur Destouches, le gérant Guénot, l'inspecteur Palmiari et le docteur Marelle.
Ces derniers portraits rythment les trois sujets majeurs que Pierre Lemaître a retenu pour évoquer l'année 1952.
Louis et Angèle vivent toujours à Beyrouth, théâtre de quelques histoires autour de la boxe. Mais l'essentiel se joue en France métropolitaine.
L'après-guerre est, en effet, le temps des grands projets, des ingénieurs, des grands barrages et des villages engloutis.
C'est aussi l'époque où apparaissent les magasins style Tati, ou plutôt Dixie dans le roman, qui proposent des articles à petits prix, où les clientes peuvent elles-même fouiller dans les bacs pour y trouver leur bonheur.
Mais c'est également l'époque où la chasse aux faiseuses d'ange et médecins avorteurs reprend de plus belle, les femmes n'ayant pas encore le droit de disposer de leur corps.
Une période à la fois moderne et conservatrice où évoluent Jean, toujours flanqué de sa mégère et sujet aux mêmes pulsions meurtrières, François qui progresse au journal tout en s'interrogeant fortement sur sa relation avec la très secrète Nine, et Hélène bien sûr, désormais journaliste, qui couvre la disparition annoncé du village tout en se débattant face à une grossesse imprévue.
La petite Colette enfin, permet d'évoquer la maltraitance, sur laquelle chacun hésite encore à mettre des mots.
Un regard lucide sur une époque et un roman à rebondissements qui ne manquera pas de ravir les amateurs de Pierre Lemaître et sans doute bien d'autres lecteurs.